L’assurance trottinette est-elle vraiment une obligation aujourd’hui ?

Près de 2 millions de trottinettes électriques sillonnent les trottoirs et chaussées de France, et une question continue de fuser dans les esprits : faut-il, oui ou non, assurer sa trottinette pour circuler sans risquer de sanction ? Les avis divergent, la réglementation évolue, mais la réalité s’impose : pour qui roule en électrique, la question de l’assurance n’est plus une simple option. Voici ce qu’il faut vraiment savoir, loin des mythes et des approximations.

Que prévoit la réglementation française concernant l’assurance trottinette ?

Deux mondes s’opposent dès le départ : la trottinette classique, qui mise simplement sur votre énergie, et la version électrique, portée par une batterie. La première suit la route en toute liberté ; la deuxième, pourtant, tombe d’office dans la catégorie des véhicules terrestres à moteur. Et là, la ligne est claire : munie d’un moteur, la trottinette électrique doit, en vertu de l’article L211-1 du code des assurances, faire l’objet d’une assurance spécifique.

Oubliez les débats sur la vitesse ou la puissance : la simple présence d’un moteur rend l’assurance obligatoire, même pour un modèle aux allures modestes. Au strict minimum, la garantie responsabilité civile doit figurer au contrat. Ce filet couvre les dégâts causés à autrui lors d’un incident. Son champ d’action s’arrête là : si votre propre engin se retrouve endommagé ou détruit dans l’affaire, il n’entrera pas en ligne de compte. Pour cela, d’autres garanties sont à envisager.

Que risque-t-on en cas de défaut d’assurance ?

Prendre la route sans assurance, c’est s’exposer à un véritable coup de massue. L’amende peut grimper jusqu’à 3 750 euros en cas de contrôle, et ce n’est qu’un aperçu des sanctions possibles. Voici un aperçu des risques supplémentaires auxquels on s’expose :

  • Travail d’intérêt général
  • Jour-amende
  • Interdiction temporaire ou définitive de conduire certains véhicules à moteur
  • Obligation de participer à un stage de sensibilisation à la sécurité routière
  • Confiscation pure et simple de la trottinette électrique

L’article 495-17 du code de procédure pénale prévoit aussi une amende forfaitaire de 500 euros, qui peut être abaissée à 400 euros ou augmentée jusqu’à 1 000 euros en fonction du règlement rapide ou tardif. Mais le plus risqué vient après.

En cas d’accident, l’absence de couverture ouvre la voie à des frais parfois colossaux. Percutez une voiture, blessez un passant et rien ne vient amortir le choc financier. C’est au conducteur non assuré d’assumer l’intégralité des indemnisations, des soins à payer aux possibles dégâts matériels, des sommes qui peuvent très vite s’accumuler et dépasser plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le risque n’est plus théorique, mais bien concret, et lourd de conséquences.

Quel budget prévoir pour assurer une trottinette électrique ?

Le tarif d’une assurance pour une trottinette électrique varie selon de nombreux facteurs. Les formules de base commencent généralement autour de 60 à 70 euros par an, mais les montants peuvent s’envoler bien au-delà de 500 euros pour une couverture complète.

Le prix fluctue au gré de plusieurs éléments : le modèle (standard, tout-terrain, sportif), la capacité de la batterie, et les options choisies. Pour une protection minimale sur un modèle standard, le coût annuel s’établit en moyenne à 68 euros. Les versions tout-terrain naviguent autour de 104 euros, tandis qu’un modèle sportif requiert souvent 183 euros par an pour l’essentiel.

Un forfait intégral comprenant de multiples garanties peut faire grimper l’addition à 425 euros pour une trottinette standard, dépasser les 1 000 euros pour certaines sportives, et approcher les 970 euros sur des modèles tout-terrain. D’autres critères entrent en jeu : votre âge, votre lieu de circulation (et ses risques), mais aussi la valeur de l’engin. Ajouter une garantie contre le vol ou les dommages accapare une part supplémentaire du budget, surtout lorsqu’on mise sur du haut de gamme.

Quelles garanties proposent les assureurs ?

Les compagnies multiplient les options pour coller au plus près des besoins des nouveaux usagers de la route électrique. Les principales garanties retrouvées dans les contrats sont les suivantes :

  • La garantie responsabilité civile couvre les dommages causés à d’autres personnes lors d’une collision ou d’un accident.
  • La protection contre le vol ou l’incendie intervient en cas de disparition ou de destruction rapide de l’appareil.
  • Certains assureurs proposent une assistance permettant le rapatriement de la trottinette en cas de panne ou d’incident hors de chez soi.
  • La garantie perte financière permet de récupérer tout ou partie du prix d’achat si le véhicule est totalement irrécupérable dans les deux premières années.
  • Pour les professionnels, certaines formules incluent une protection juridique et un dédommagement en cas d’arrêt de l’activité consécutif à un sinistre.

Avant toute signature, il convient de lire en détail les conditions générales : exclusions parfois sournoises, plafonds de remboursement, franchises variables, ou encore modalités précises de déclaration. Tous les contrats ne se ressemblent pas, et certains, trop chers, n’apportent guère plus de tranquillité qu’une formule plus abordable.

Quels critères pour choisir la bonne assurance trottinette ?

L’offre est dense, et lire entre les lignes évite bien des déconvenues. Pour s’y retrouver, certains critères devraient aiguiller le choix.

En priorité, la garantie responsabilité civile ne doit jamais manquer à l’appel. Ensuite, adaptez les protections à votre routine : circulez-vous en centre-ville, là où le vol sévit le plus ? Vivez-vous dans une zone exposée aux incendies ou aux intempéries ? Votre usage, régulier ou occasionnel, trajet court ou déplacement prolongé, oriente aussi la liste des options pertinentes.

Comparer les tarifs ainsi que la nature précise des couvertures permet d’éviter les fausses économies ou les excès d’enthousiasme à la souscription. Certaines offres affichent des coûts presque imbattables, mais masquent des restrictions handicapantes ; d’autres se révèlent complètes et pourtant parfois superflues au regard de votre usage. Les retours d’expérience glanés auprès d’utilisateurs ou de professionnels du secteur sont précieux pour y voir clair dans la jungle des contrats.

Depuis la mi-2019, contracter une assurance pour sa trottinette, ce n’est pas une démarche de convenance, c’est la condition pour circuler avec sérénité et anticiper les accidents de parcours. Prendre quelques minutes pour décortiquer chaque clause, observer les écarts de prix, c’est se donner la chance de rouler l’esprit libre, à l’abri d’un imprévu aux effets dévastateurs.

Sidewalks pleins, créneaux serrés, pièges routiers : la trottinette s’est imposée dans le décor français. Reste à savoir si le conducteur choisit la prudence et la sécurité, ou bien s’expose à la roulette russe des aléas urbains.